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Église commémorative Maria Regina Martyrum, zone de l'autel
Église commémorative Maria Regina Martyrum, zone de l'autel © Foto: Florian Bolk

Chemin du souvenir

Sur les traces des victimes de la justice nazie et de la résistance

Le chemin du souvenir, dans le quartier berlinois de Charlottenburg, relie un mémorial à trois églises commémoratives et rend hommage aux victimes de la justice nazie et de la résistance.

Le chemin du souvenir se trouve dans la partie nord de Charlottenburg à Berlin. Il relie le mémorial de Plötzensee à trois églises proches, dédiées à la mémoire de la résistance contre le nazisme.

Des lieux de mémoire émouvants et dix stèles

Ce chemin a été ouvert en 2018. Dix stèles d’information rappellent l’histoire et les victimes de la dictature sur le chemin entre le mémorial de Plötzensee, l’église catholique Maria Regina Martyrum, l’église protestante de l’expiation du Christ et l’église commémorative protestante de Plötzensee.

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Gedenkstätte Plötzensee in Berlin
© Wikimedia, Foto: A. Savin (CC BY-SA 3.0)

Gedenkstätte Plötzensee

Le mémorial de Plötzensee est un lieu de mémoire silencieuse. Car ici, entre 1933 et 1945, autour de 3000 personnes furent executées après des jugements iniques de la justice nazie. La salle où avaient lieu les fusillades est aujourd'hui une salle du souvenir. La prison de Plötzensee fut construite entre 1868 et 1879 sur un site de l'arrondissement de Plötzensee dans la forêt de Tegel. A partir de 1933, la prison servit de plus en plus de centre de rétention de personnes faisant l'objet d'une enquête, et lieu central de fusillade des prisonniers politiques.

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Sur le chemin du souvenir, le long du Heckerdamm, vous traverserez également le lotissement Paul Hertz, construit dans les années 1960. La particularité de ce lotissement moderne est que toutes les rues portent le nom d’opposants au régime nazi. Le nom du lotissement lui-même vient de Paul Hertz, un homme politique qui avait déjà fui l’Allemagne en avril 1933 pour Prague puis émigré aux États-Unis en 1939, et qui a participé à la reconstruction de Berlin à partir de 1949.

Mémorial de Plötzensee

Mémorial de Plötzensee à Berlin
Mémorial de Plötzensee à Berlin © Wikimedia, Foto: A. Savin (CC BY-SA 3.0)

Le mémorial de Plötzensee est l’un des plus anciens lieux de mémoire de Berlin. Peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a commencé à commémorer les hommes et les femmes exécutés ici. Les exécutions avaient lieu dans un hangar, dont une partie existe encore aujourd’hui. Entre 1933 et 1945, plus de 2800 condamnations à mort ont été réalisées dans ce « hangar d’exécution », souvent envers des résistants contre le régime nazi.

Il fait sombre dans le hangar. Les fenêtres en arc de cercle n’apportent que peu de lumière. Une poutre en acier avec des crochets est fixée en travers de la pièce. Jusqu’en 1945, on y trouvait également une guillotine utilisée pour les décapitations. Plus tard, on y a ajouté la large poutre en acier avec des crochets en fer pour pouvoir également pendre les condamnés.

La salle où avaient lieu les exécutions est aujourd’hui une salle commémorative. Juste à côté, une exposition permanente informe sur la justice inique des nationaux-socialistes. Les nombreux destins individuels de personnes exécutées à la prison de Plötzensee entre 1933 et 1945 sont particulièrement impressionnants. Ces personnes étaient originaires de 20 nations différentes au total. Le mémorial de Plötzensee est également un lieu de mémoire européen pour toutes les victimes du national-socialisme d’Allemagne et de l’étranger.

Église commémorative protestante de Plötzensee 

Église commémorative protestante de Plötzensee, intérieur
Église commémorative protestante de Plötzensee, intérieur © Foto: Florian Monheim, © Ev. Kirchengemeine Charlottenburg-Nord

Si vous suivez le chemin du souvenir jusqu’au lotissement Paul Hertz, vous verrez une simple construction en béton sur le Heckerdamm : il s’agit du centre communautaire protestant de Plötzensee, inauguré en 1970, et de son église commémorative. De l’extérieur, rien ne fait penser à un bâtiment religieux. Un « lieu de travail social » axé sur la proximité immédiate devrait voir le jour. On a renoncé à toute « sacralité » vis-à-vis de l’extérieur. Seule la croix en béton sur le parvis indique qu’il s’agit d’un lieu chrétien.

Il est d’autant plus surprenant d’y trouver à l’intérieur l’une des œuvres les plus importantes de l’art religieux contemporain de Berlin. Dès le début, la salle de l’église devait être non seulement être le lieu de réunion de la paroisse, mais aussi un lieu de commémoration pour les victimes de Plötzensee. Alfred Hrdlicka a été choisi pour la décoration artistique. Il a créé la « Danse macabre de Plötzensee ». Sur 16 tableaux grand format de 3,50 m de haut sur 0,99 m de large, le peintre et sculpteur viennois représente la menace du pouvoir, de l’arbitraire et de la violence. Pour ce faire, il associe des motifs bibliques à des photos de l’ancien lieu d’exécution de Plötzensee, comme la guillotine. On retrouve également sur les photos la salle conservée jusqu’à aujourd’hui dans le « hangar d’exécution », avec ses fenêtres en plein cintre et sa poutre avec crochets.

La conception moderne de l’espace de l’église est également frappante: la partie supérieure est constituée d’un cube sans fenêtre en béton brut apparent. Cela rappelle délibérément un bunker ou une cellule. Suivant les idées réformatrices des années 1960, l’autel est placé au centre de la pièce. Les places assises se trouvent dans le carré autour de l’autel. Cela favorise le sentiment de communauté communale. Dans les locaux de l’église commémorative protestante de Plötzensee se trouve également le Centre œcuménique de la mémoire « Chrétiens et résistance » depuis 2009.

Église commémorative catholique Maria Regina Martyrum

Église commémorative Maria Regina Martyrum à Berlin, crypte
Église commémorative Maria Regina Martyrum à Berlin, crypte © Foto: Florian Bolk

À quelques pas de l’église commémorative protestante se trouve l’église commémorative des catholiques allemands Maria Regina Martyrum, construite de 1960 à 1963. Celle-ci se reconnaît de loin à ses formes rigoureuses et rectilignes. La cour lugubre, la « Feierhof », est également conçue comme un lieu brutaliste de silence et d’isolement. Vous entrez dans l’église par celle-ci en venant de Heckerdamm. Des pavés sombres et des murs de galets noirs rappellent la place d’appel d’un ancien camp de concentration. La façade de l’église est recouverte de plaques de galets de marbre blanc. Le corps de bâtiment lumineux flotte avec le message de la vie au-dessus de la zone sombre de la mort.

Le chemin de croix conçu par Otto Herbert Hajek se trouve également dans la cour. Dans les sculptures sur le mur de la cour, de près de quatre mètres de haut, se trouvent des stations du chemin de croix de Jésus, qui ont été tissées avec de nombreuses petites croix, avec la souffrance des hommes.

La sculpture dorée au-dessus de l’entrée de l’église vaut également le coup d’œil : la « Femme apocalyptique » de Fritz Koenig, rayonnante dans la lumière du soleil, un thème tiré de l’Apocalypse de Jean.

Un escalier raide mène à l’église supérieure avec le grand tableau d’autel de Georg Meistermann : le chaos et la ruine dans les formes et les couleurs. Au centre, un agneau, symbole de la non-violence.

La lumière du jour pénètre dans l’église par des bandes de fenêtres « Comme une promesse pascale face à Plötzensee » (architecte Hans Schädel).

Dans la crypte, une impressionnante pietà de Fritz Koenig surplombe les tombes. On peut y lire l’inscription : « À tous les témoins de sang à qui l’on a refusé la sépulture. À tous les témoins de sang dont les tombes sont inconnues ».

À côté de l’église, un couvent a été construit en 1984, le Carmel Regina Martyrum, où des sœurs vivent, travaillent et prient.

Église protestante de l’expiation du Christ 

Église Sühne-Christi à Berlin
Église Sühne-Christi à Berlin © Michael Maillard

La dernière étape du chemin du souvenir est l’église protestante de l’expiation du Christ. Cette église hexagonale, construite de façon moderne par Hansrudolf Plarre entre 1962 et 1964, se reconnait de loin par sa forme inhabituelle et sa tour triangulaire isolée.

Sur le parvis, vous trouverez un mur commémoratif créé en 1964 par l’artiste de Friedenau Florian Breuer. Les inscriptions « Auschwitz », « Plötzensee », « Hiroshima » et « Mauern » (murs) font référence aux atrocités que les hommes se sont infligées les uns aux autres au cours du XXe siècle. De plus, une inscription devant le mur commémoratif cite les paroles d’avertissement de Dieu à Caïn, tirées de la Bible : « Écoute, le sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi » (Genèse 4,10). En continuant à avancer dans l’église, l’inscription « Golgotha » rappelle l’endroit où Jésus-Christ a été crucifié.